Hommage aux élèves

 

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Hommage aux élèves (1) qui prennent en charge l’avenir du Dharma en assumant les trois entraînements : écoute, réflexion et méditation, ainsi que les quatre Sceaux du Dharma (2) et les quatre garanties (3).

La transmission est une synergie faite d’une assertivité (4) mutuelle entre instructeur et élève. C'est ce qui fait l'enrichissement d'une tradition de sagesse qui se ramifie sans s'affaiblir. La transmission est une œuvre de beauté et de bonté. Elle n'est pas l'affaire d'une institution théocratique ou oligarchique.

Le respect à l'élève est la cause préalable qui sauvegarde le Dharma et son chemin d’élévation.

Le respect à l’instructeur est l’effet conséquent de l’élévation d’un élève. C’est la gratitude naturelle.

Le respect est une affaire de respectivité naturelle.

Inverser la cause et l’effet pourrit la transmission de sagesse.

Faire de l'élève un adepte et faire de l'instructeur une idole pourrit la transmission de sagesse.

Prétendre aimer les êtres et mépriser l'élève d’un autre instructeur ou d’une autre tradition, ce n’est pas le Dharma du Bouddha.

Enseigner le Tathagatagarbha aux êtres et exiger soumission, ce n’est pas le Dharma du Bouddha.

Persuader un élève de rejeter son instructeur n’est pas le Dharma du Bouddha.

Inciter l'élève à suivre les quatre sceaux du Dharma  et les quatre garanties est la voie du Dharma.

La discrimination, la dépréciation ou la diffamation sont les armes de la frustration, de l’impuissance et de la vengeance. Rendant la pareille, on devient semblable.

Écoute, compréhension et respect sont le baume du discernement, de l’empathie et de la protection. Se l’appliquant mutuellement, instructeurs et élèves forment l’honorable Sangha qui préserve le Dharma du Bouddha Sakyamouni (Voir Extrait du Maha Nirvana Soutra).

L’aspiration naturelle des êtres est de vouloir être heureux et en cela nous participons tous d’un Lignage naturel, tantôt parent de l’un, tantôt l’enfant de l’autre, tantôt élève de l’un, tantôt instructeur de l’autre.

L’aspiration spécifique d’un élève est de considérer le bonheur comme étant la lucidité de l’esprit. Cette lucidité est félicité, compassion et capacité.

L’aspiration du Lama de la lignée (tib. Gyu paï Lama) est de permettre à l’élève de rencontrer "son" Lama Racine (tib. Tsa ouaï Lama) (voir également Dans le sillage d'Advayavajra) qu’est la nature de son propre esprit, le propre visage du Dharmakaya.

Élève et instructeur ont pour devoir ce que nécessite et exige leur aspiration respective.

Sans manque de respect, l’instructeur doit distinguer l’adepte enclin à la fascination car il affaiblit son activité et pourrit la transmission. À celui-là, l'instructeur doit dispenser des enseignements appropriés tout en le conduisant à l’analyse et l’émancipation.

Sans manque de respect, l'élève doit distinguer l’instructeur qui a pour seul souci de préserver son rang et son autorité en écartant toute discussion et s’entourant d’adeptes dociles. Ses instructions n'étant pas mise en cause, l'élève peut en bénéficier tout en gardant le discernement impartial.

Hommage aux élèves qui s’engagent dans les trois entraînements et suivent les instructions indifféremment du titre, prestige et notoriété de l’enseignant. Libres de toute sujétion, ainsi ils respectent les Trois Joyaux et Trois Racines. S’en remettant au sens de l’enseignement, ils s’enrichissent auprès de tout enseignant. Témoignant du Lignage naturel de la transmission de l’enseignement et de l’expérience, leur potentiel s’éveillera et ils obtiendront la Sagesse naturelle de leur propre esprit.

Pour cela, tout instructeur conscient de sa responsabilité ne peut que rendre hommage à ces élèves qui sont les garants de la transmission de la Sagesse inhérente à l’esprit.

Tout instructeur, réjoui des aptitudes de ces élèves, ne peut que s'émouvoir de gratitude parce que la Bodhicitta sublime s'accroît en vertu d'une sympathie entre intelligence et respect.

Puisse la relation instructeur et élève être propice à générer cette sympathie qui encourage la pratique et l'enseignement du Dharma.

Hommage à ces élèves, détenteurs des valeurs universels à toutes les traditions.

Hommage à nous tous, élèves conscients des valeurs partagées par toute l'humanité.

Hommage à nous tous, humains de bonne volonté qui, tant bien que mal, tentons de se comprendre et de s'améliorer.

Hommage à nous tous, humains qui, dans les pires souffrances disposons d'un seul vrai pouvoir, le pardon.

 

À ceux qui me font l'amitié d'être les élèves de mes instructions.

Lama Shérab Namdreul  (retraite en l'année Lièvre-Fer : 2011-2012)

 

 

Note 1. Élève : Déverbal de « élever » amener un être vivant à son plein développement.

Bien que disciple est le mot le plus souvent utilisé, sa connotation qui l'accompagne me fait préférer le mot élève. De même, au mot "maître" je préfère le mot instructeur. Celui qui transmet les instruments de notre élévation avec le mode d'emploi.

On pourra toujours discuter sur l'usage des mots. Ce qui me semble intéressant, c'est que des mots bien que synonymes en apparence, ont des connotations différentes avec un imaginaire et des représentations subconscientes qui s'induisent dans nos comportements relationnels. J'ai pu remarquer que l'usage excessif du mot maître renvoyait souvent à une attitude de délégation du pouvoir de libérer ou pire parfois à une tendance de dominant-dominé. La reformulation a des vertus thérapeutiques que l'on peut appliquer seul avec soi-même dans notre réflexion et analyse. En changeant de mot d'autres perspectives cognitives s'ouvrent à l'esprit qui peut révéler nos projections et nos montages psychiques.

Note 2. 1) Tout phénomène composé est transitoire. 2) Tout phénomène souillé d’une saisie est souffrance. 3) Tout phénomène est vide d’entité. 4) Nirvana est apaisement.

Quand on écoute un enseignement quel qu'il soit, se référer aux quatre sceaux du dharma permet de définir si l’enseignement relève de la vue bouddhique ou non. D’autre part, le Bouddha Shakyamouni nous propose quatre guides (tib. Teun pa Chi) qui nous garantissent contre l’endoctrinement ou la fascination.

Note 3. 1) Se référer aux sens et non pas aux mots. 2) Se référer à l’enseignement et non pas à l’enseignant. 3) Se référer à sa propre expérience. 4) Se référer à la connaissance de la vacuité.

Tout le long de son enseignement, Le Bouddha Sakyamouni insista sur l'importance que le Dharma soit une source d'émancipation et non pas d'aliènation et de sujétion. Les quatre "guides" (tib. Teun pa chi) que je traduis par garanties, préservent l'autonomie intellectuelle, l'intégrité psychologique et la spécificité culturelle.

Note 4. Je me base ici sur une notion de la psychologie sociale. L’assertivité est particulièrement nécessaire dans la relation spirituelle entre instructeur et élève pour que chacun sachent se positionner et éviter le danger des projections. L'assertivité s'appuie sur le refus d’avoir recours aux trois comportements types à effets négatifs que sont :

   - les comportements d’agression ou de domination par la force, la menace ou l'intimidation etc. ;
   - les comportements de soumission, qui peuvent s'insinuer dans l'idéalisation, la délégation ou l'obéissance etc. ;
   - les comportements de manipulation verbales ou mentales.

 

 

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