Mahamoudra : Essence de l’esprit

 

Conférence publique de Kalou Rinpotché  (L. A.  1988)

 

 

         Le Mahamoudra (ou « Grand Sceau » en sanskrit) est l’une des plus hautes pratiques de méditation dans le Bouddhisme Tibétain. Né en 1905, Kalou Rinpotché - être totalement éveillé - fut l’un des principaux grands Maîtres Tibétains qui oeuvrèrent dès les années 70 pour transmettre les enseignements précieux du Bouddhisme en Occident. Voici la transcription en français du dernier enseignement  public donné par Kalou Rinpotché, dans la ville de Los Angeles,  quelques semaines avant son décès au printemps 1989.

 

 

         « J’ai beaucoup de chance d’être parmi vous ce soir dans cette ville de Los Angeles, d’être parmi de nombreux amis, dont j’ai déjà rencontrés certains auparavant. Cela me fait très plaisir de vous parler ce soir du Dharma, l’enseignement du Bouddha.

 

         Nous tous avons le très grand privilège d’être nés en qualité d’êtres humains en ce monde. Nous possédons tous l’intelligence et le contrôle de nos propres actions. Nous savons la différence entre actes vertueux et actes négatifs. Et ceci est une situation extrêmement favorable.

 

         Nous avons dans ce monde deux formes de Dharma. Le premier de ceux-ci est ce que l’on appelle la vie mondaine (ou vie ordinaire). Tous les êtres, qu’ils soient humains ou animaux, ont tous des activités « ordinaires ». Les poissons et autres êtres qui vivent dans les mers nagent en permanence et recherchent de la nourriture. Les insectes et tous les animaux sur terre sont occupés à se déplacer pour trouver de la nourriture. De la même façon tous les êtres développent chaque jour une telle activité - que l’on pourrait qualifiée de « mineure » ou « ordinaire ». Et nous, les êtres humains, avons nous aussi une telle vie « mondaine » ou « ordinaire ».

 

         Nous vivons à une époque de formidables progrès matériels. Les gens, particulièrement ici en Amérique et dans les autres pays occidentaux, vivent comme des dieux. Vos maisons, vos possessions, votre style de vie sont vraiment formidables, surtout quand on les considère à la situation des autres êtres vivants. Et tout ceci est le résultat d’une grande concentration d’activités dans lesquelles nous sommes tous engagés, journellement.

 

 

Impermanence

 

         Tous ces progrès matériels sont d’un très grand profit pour nous tous. Si nous observons ce que nous mangeons, ce qu’est notre style de vie, jour après jour, notre vie se révèle extrêmement confortable. Cependant, même si tout cela est très bénéfique, ce n’est pas vraiment bénéfique sur le long terme. Car nous sommes nés, nous avons grandi comme enfants, adolescents, puis nous sommes devenus adultes, mais au final nous devenons vieux, nous tombons malades, et nous mourrons.

 

          

      

         Ainsi notre vie est par nature impermanente. Quand nous arrivons à la fin de celle-ci, nous devons laisser de côté tout ce que nous avons accumulé et tous les plaisirs qui vont avec. Cela ressemble à quelqu’un qui se réveille d’un rêve merveilleux. La vie que l’on a expérimentée au cours de ce rêve, aussi plaisante, aussi confortable, aussi belle puisse-t-elle avoir été, est bien finie !  Et de la même manière, aussi heureux que nous avons pu être, nous arrivons au terme de notre vie. Rien est permanent ; et nous allons devoir alors quitter cette vie les mains vides…

 

         Maintenant, la seconde forme de Dharma est ce que l’on appelle le « Précieux Dharma » ou « Saint Dharma ». Cette pratique spirituelle est quelque chose qui nous est bénéfique au cours de cette vie. Il permet à notre esprit de rester calme, et il lui permet d’être heureux. Nous pouvons ainsi développer, éduquer notre esprit par cette pratique religieuse, la pratique du Dharma.

 

 

 

Toutes les religions n’ont qu’un seul but…

 

         Non seulement la pratique spirituelle nous est utile en cette vie, mais elle le sera aussi dans les vies futures pendant lesquelles nous pourrons évoluer et nous développer à travers notre pratique du Dharma, jusqu’à ce que nous atteignions l’éveil ou illumination, c’est-à-dire la bouddhéité. C’est pourquoi nous appelons ces enseignements le « Saint Dharma ». « Saint » est un mot qui pourrait aussi être défini comme « suprême ». C'est-à-dire qu’il implique une notion beaucoup plus grande et plus parfaite que celle du dharma mondain, ordinaire.

 

         Il y a plusieurs centaines d’enseignements religieux disponibles que dispensent en ce monde l’Hindouisme, le Bouddhisme, le Christianisme, le Judaïsme, l’Islam, etc. La finalité de tous ces enseignements est de nous fournir les moyens d’éviter de renaître dans les mondes inférieurs parmi les spectres fantomatiques affamés, ou parmi les animaux ; alors qu’à travers les pratiques des différentes religions nous pouvons reprendre naissance sous une forme humaine ou sous d’autres formes comme dans le monde des dieux. Et nous pouvons ainsi nous développer de vie en vie, en nous élevant à travers un bonheur de plus en plus grand. Ainsi, à travers la pratique spirituelle, nous pouvons atteindre finalement l’éveil, l’état de Bouddha.

 

         Toutes les religions dans le monde sont vraiment merveilleuses et extrêmement utiles aux hommes. C’est pourquoi elles sont enseignées, afin que nous puissions bénéficier de ces enseignements et de leurs mises en pratique. Maintenant le point commun enseigné parmi toutes ces religions est la recommandation fondamentale consistant à ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, ne pas avoir de mauvaises paroles agressives ni d’actions qui puissent avoir des conséquences néfastes pour les autres êtres vivants. Abandonner les actions qui puissent créer de la souffrance immédiatement aux autres, et, finalement, à soi-même, tout ceci est quelque chose de commun à toutes les religions, et c’est pourquoi elles sont toutes extrêmement utiles.

 

         Si toutes les religions étaient identiques, une seule religion suffirait. Cependant ce n’est pas le cas. Prenons un exemple : Si nous voulons entreprendre un très long voyage, nous avons plusieurs moyens à notre disposition pour y arriver. Nous pouvons y aller à pied, à cheval, en vélo, en voiture, en train, en avion ou en bateau. De façon plus ou moins longue, chacun de ces moyens nous mènera sans doute à destination. Ils sont différents moyens de locomotion qui permettent aux gens de se déplacer pour arriver à leur but. De la même manière il y a différentes religions qui nous permettent de progresser sur la voie spirituelle.

 

         Si vous me demandez qu’elle religion je pratique… Je suis une personne qui a foi en toutes les religions, et je suis quelqu’un qui prend plaisir dans les pratiques de toutes ces religions. Cependant, ma pratique spirituelle personnelle est le Bouddhisme.

 

         Le mot « Bouddhisme » au Tibet signifie simplement « religion intérieure ». Quand on dit que nous sommes « Bouddhiste », cela signifie que nous sommes une personne « intériorisée ».  On peut comprendre par là que le corps est externe alors  que notre esprit, lui, est interne. La religion du Bouddha, la religion que je pratique, est une façon particulière d’aider l’esprit. C’est pourquoi on se réfère à soi-même comme une personne intériorisée – nous qui sommes concentrés sur cette chose se trouvant à l’intérieur de nous-même, et que l’on appelle l’esprit.

 

 

Entraîner son propre esprit

 

         La personne qui a enseigné cette religion de l’intériorité est le Bouddha, un être parfaitement éveillé qui a initialisé la pratique du Bouddhisme six siècles avant le Christ. Or l’intégralité de cette religion peut être résumée en quatre lignes :

 

Les deux premières lignes signifient : « Chacun doit abandonner les actions négatives, et chacun doit développer la vertu ». Ceci est comme un enseignement que l’on pourrait qualifier d’ « externe » ou d’« extérieur », ce qui est absolument essentiel à toute pratique religieuse. Toute action négative, ou préjudiciable, crée douleur et souffrance aux autres, et finalement à soi-même. Par contre, toute vertu qui est bénéfique aux autres produit aussi du bonheur pour soi-même. Ceci est le premier enseignement essentiel du Bouddha.

 

Et maintenant les troisième et quatrième lignes : « On doit soi-même éduquer complètement son esprit ». Ceci est un enseignement central du Bouddha. Ainsi l’attention sur notre pratique de la « religion intérieure » concerne notre propre esprit, et ce dressage ou entraînement de l’esprit est le cœur même de l’enseignement du Bouddha.

 

Corps, Parole et Esprit

 

Si vous voulez faire une analyse superficielle de ce qu’est un être humain, il faut tout d’abord constater que nous avons tous un « corps » humain. Nous sommes capables de parler et de communiquer. Et nous avons un esprit. Avec cet esprit nous décidons où nous allons, où nous allons nous asseoir, ou encore ce que nous allons faire, etc. Et ainsi, ces trois choses : corps, parole, esprit, nous caractérisent comme êtres humains. Peut être ces trois choses sont unifiées, peut être ne le sont-elles pas, quoi qu’il en soit nous tous sommes des êtres humains et nous avons les trois.

 

Le plus important de ces trois éléments est naturellement l’esprit. Nous devons entraîner notre esprit. Sans aucun entraînement de celui-ci nous faisons des choses qui sont nuisibles aux autres, et, finalement, ceci aura pour résultat notre propre souffrance. Par contre si nous sommes capables d’éduquer notre esprit ceci ne peut qu’être bénéfique à nous-mêmes et être une aide pour les autres. Cette pratique de la vertu aura finalement pour résultat notre propre bonheur.

 

Nous devons commencer par reconnaître à quoi ressemble notre esprit. Une fois que nous avons fait cela et reconnu l’esprit, on doit commencer à méditer. Et une fois que nous avons commencé à méditer on doit poursuivre notre pratique afin d’être capable de reconnaître et d’éduquer parfaitement notre propre esprit.

 

La plupart d’entre nous n’avons aucune idée de ce qu’est l’esprit. Son état nous est parfaitement inconnu. Nous nous bornons à penser « J’ai un esprit. Je suis ». Mais à part ces quelques réflexions, nous ne nous tournons vraiment pas vers notre esprit. Nous ne l’examinons pas, et, du coup, nous ne nous connaissons pas.

 

Ainsi, tandis qu’il est important pour nous de comprendre le Dharma –  ou enseignement spirituel dans le Bouddhisme – le point central de tous ces enseignements est de bien comprendre la nature de l’esprit. Quand nous avons compris, quand nous avons reconnu la nature de notre propre esprit, les enseignements spirituels du Bouddhisme et de toutes les autres religions sont alors naturellement bien compris.

 

Commençons d’abord par observer notre corps.

Tousn nous avons deux jambes, deux bras, une tête. Nous avons tous une partie supérieure et une partie inférieure de notre corps. Nous avons des organes internes. Nous devons donc examiner toutes les différentes parties de notre corps et penser « Est-ce cela l’esprit ? » ; en examinant attentivement toutes les différentes parties de nous-mêmes nous devons essayer de déterminer : est-ce cela l’esprit, ou est-ce là que ce trouve l’esprit ?   Et en menant ainsi un examen attentif nous devrions en tirer une certaine conclusion.

 

De la même façon, nous avons cinq organes des sens. Celui des yeux, celui des oreilles, du nez, de la langue et de la peau qui recouvre notre corps. Nous devons examiner chacun de ceux-ci, et nous poser la question : est-ce cela l’esprit ?  Ou, en fait, sont-ils des esprits séparés ?  Y a-t-il l’esprit de l’œil, l’esprit des oreilles, l’esprit du nez, etc. ?  Nous devons examiner ceci très précisément et nous devrions ainsi finir par en tirer une compréhension.     

 

 

Vide, clarté, conscience

 

De la même manière examinons maintenant les organes internes de notre corps. Pour chacun d’entre eux pensons en nous-mêmes « Est-ce là l’esprit, ou n’est-ce pas l’esprit ? Et pourquoi est-ce, ou pourquoi n’est-ce pas ? ». Une fois encore, par cette analyse, nous devrions arriver à en tirer des conclusions sur l’esprit.

 

Toutes ces choses que je viens de mentionner ont simplement trait à l’apparence de l’esprit. Elles se sont élevées de l’esprit, mais elles ne sont pas l’esprit lui-même. Il y a trois choses qui, regroupées, représentent ensemble la nature de l’esprit.

 

Tout d’abord, la nature de l’esprit proprement dite est que son essence est vide. L’esprit est vide comme l’espace, comme le ciel. Si l’esprit avait une forme, celle-ci serait carrée, triangulaire ou circulaire. Et s’il avait une forme celle-ci aurait une certaine couleur… qui serait blanche, jaune, rouge, bleue ou verte. Cependant, rien de ceci n’existe. L’essence de l’esprit est vide.

 

Le ciel est vide, l’espace est vide, une maison ou une pièce peut être vide, mais rien de ceci n’est l’esprit. Un autre aspect de l’esprit est sa clarté. L’espace dans une pièce est vide, mais la présence de lumières dans cette pièce peut nous rendre capable de voir d’un coin à l’autre de la pièce. Et, du coup, nous pouvons voir exactement ce qui se passe dans cette pièce. De la même façon, dans notre esprit nous avons la clarté. C’est ce qu’on appelle la nature de l’esprit. Ce vide a la qualité de la clarté. Et ceci nous donne l’habilité de « comprendre » et de « savoir ».

 

 

L’espace dans une pièce, comme celle où nous nous trouvons actuellement, est vide, et il peut y avoir des lumières comme ici. Cependant cet espace particulier en lui-même n’est pas l’esprit. Ce n’est pas l’esprit parce qu’il n’y a là aucune conscience. Et ceci est la troisième particularité qui façonne l’esprit. Nous trouvons une conscience continuelle dans l’esprit. Et c’est cette conscience qui nous donne la capacité de savoir, par exemple, si cette couleur est blanche, jaune ou rouge, etc. Ces pensées ou cette conscience est la troisième qualité de l’esprit.

 

Ainsi l’essence de l’esprit est vide,

sa nature ou qualité principale est sa clarté,

et il possède une conscience continuelle, sans entrave.

 

Nous tous, les Hommes, possédons un tel esprit marqué par le vide, par sa clarté et par sa conscience.

 

Maintenant, prenons le cas de l’Amérique et de la Chine, qui sont situées très loin l’une de l’autre, et entre les deux il y a un grand océan et beaucoup de montagnes, beaucoup de nuages – une incroyable distance !  Si notre esprit avait une quelconque substantialité, il nous serait impossible, d’ici, d’imaginer la Chine. Et nous  serions  confinés  dans  notre  expérience  spécifique.  Cependant,  même  si  la

Chine se trouve extrêmement loin, nous sommes pourtant capables en un bref  instant de créer l’image de la Chine dans notre esprit. Ceci est un bon exemple du fait que l’esprit est vide, comme l’espace, et qu’il n’y a rien du tout qui puisse obstruer son activité.

 

L’esprit possède aussi la clarté. Si nous n’avions pas de clarté dans l’esprit, ceci reviendrait à une absence de soleil et de lune, ou à une épaisse couverture de nuages qui en obstrueraient la vue. Cela reviendrait à une obscurité totale, s’il n’y avait ni soleil ni lune, ce qui nous empêcherait alors de nous repérer à la surface de la terre.

 

Si nous possédons uniquement le vide et la clarté, par eux-mêmes ceux-ci ne peuvent nous être d’aucun bénéfice. Nous devons avoir aussi une conscience et un  savoir. Et lorsque nous créons cette image de la Chine dans notre esprit, nous sommes alors capables de reconnaître que ceci est une ville, ceci un océan, et cela une montagne.  Nous sommes conscients et capables de reconnaître les différents détails de l’image que nous avons créer dans notre esprit.  Ensemble, ces trois choses ont pour résultante l’esprit : vide, clarté et conscience.

 

Nous tous, tous les êtres vivants ont cette esprit. Et la nature de notre esprit est exactement le même pour tous. Cependant, les apparences qui s’élèvent de l’esprit peuvent être différentes d’une personne à une autre. A travers l’accumulation d’actions vertueuses dans le passé, nous avons le grand bonheur de bénéficier d’une existence humaine. De la même manière, certains êtres donnent l’apparence de vivre dans les enfers, d’autres errent comme des fantômes continuellement affamés, ou encore vivent dans le monde animal. Toutes ces apparences variées proviennent de la confusion de notre propre esprit. Toutes ces confusions trouvent leurs racines dans les différentes formes de karma (que nous pourrions brièvement traduire par « destinées ») que nous avons accumulées, soit sous la forme de bon ou de mauvais karma, au cours de nos vies passées. Et ceci crée toutes sortes d’apparences qui n’existent pas vraiment en elles-mêmes. Elles sont simplement les apparences de la confusion (de notre propre esprit, non éduqué).

 

Méditation

 

Peut-être est-il extrêmement difficile pour nous de voir la nature de notre propre esprit. Cependant, nous devons regarder, nous devons essayer de trouver notre esprit. Si nous ne cherchons pas ce qu’est la nature de notre propre esprit, il sera bien sûr impossible pour nous de le trouver. Quoi qu’il en soit, si nous ne pouvons pas rechercher notre esprit, qu’allons nous faire ? Cela risque de se révéler une situation fâcheuse. Bon, nous sommes tous venus de loin afin de nous réunir ce soir, et c’est mon sentiment que je dois dire à vous tous ici quelque chose qui est un sens et qui puisse vous aider. Aussi, je vous demande maintenant de tous vous asseoir bien droit… de laisser votre esprit dans le calme, en repos, tout simplement lucide. Il suffit de  rester ainsi, assis, le dos bien droit, pendant un petit moment…    

 

(silence)

 

... Il est important pour nous de bien regarder en face la nature de notre esprit. Cependant, nous devons le faire de façon sereine, décontractée. Nous restons détendus tout en observant la nature de notre propre esprit sans aucune sorte d’effort, avec seulement une simple concentration sur notre conscience…  

 

(silence)

 

…Comment est la nature de notre esprit, maintenant ?  En principe, elle est extrêmement claire, extrêmement vide. Nous ressentons calme et confort, une impression de bonheur. Et en laissant notre esprit en repos dans cet état particulier, nous continuons à garder  ainsi le calme intérieur sans aucun effort artificiel…  

 

(silence)

 

Auparavant nous avons pensé que notre esprit faisait partie de notre corps. Et ceci nous donnait le sentiment d’être extrêmement encombré, très à l’étroit.  Si nous laissons notre esprit en repos dans cet immense espace ouvert, notre esprit restera dans une grande clarté, dans un grand vide à l’image d’un immense espace ouvert comme le ciel. Ceci est une expérience extrêmement confortable…

 

(silence)  

 

Vous avez ainsi médité, en laissant votre esprit en repos. Et je vous ai ainsi transmis cet enseignement ce soir. A travers la sagesse compassionnée des Bouddhas et des Bodhisattvas, des Lamas et des Yidams qui sont tous bien conscients de notre pratique, notre esprit et les leurs ne font qu’un. Et à travers cela je pense que vous avez tous reçu une grande bénédiction.

 

A l’avenir, quand vous avez le temps, vous devriez continuer à faire des recherches à propos de votre esprit. Essayez encore de le percevoir, qu’il soit ou non à l’intérieur ou à l’extérieur de votre corps. Comment est-il ? Y a-t-il un esprit, ou n’y a-t-il pas d’esprit ?  Et quelquefois vous devriez laisser votre esprit au repos, comme nous l’avons fait maintenant, de façon complètement naturelle, sans aucun effort, en restant conscient, d’une façon simple, tout à fait simple. Vous pouvez ainsi alterner ces deux formes de méditation, et c’est mon sentiment qu’à travers celle-ci, vous devriez arriver à une compréhension de la nature de l’esprit.

 

Pour le bénéfice de tous les êtres qui possèdent à l’intérieur de l’esprit un total de 84 000 différentes sortes d’émotions « négatives », le Bouddha a dit qu’il avait enseigné 84 000 enseignements correspondants, afin de les éduquer, et de leur permettre ainsi d’éradiquer leurs fautes karmiques. Néanmoins, il a dit aussi que si une personne était capable de bien pratiquer ce type de méditation et d’en comprendre vraiment la nature de l’esprit, cette personne pourrait ainsi saisir l’essence ou le cœur de tous les enseignements du Bouddhisme.

 

 Si nous sommes capable de comprendre la nature de l’esprit, alors nous pouvons comprendre l’ensemble des 84 000 différents enseignements du Bouddha, ce qui nous permet de nous libérer de tous les types de souffrance. Nous pourrons aussi facilement comprendre tous les enseignements des différentes religions qui existent dans le monde. En réussissant cela au cours d’une vie, nous aurons alors rendu cette vie pleinement significative.

 

Merci,  et  bonsoir.  

 

 

Los Angeles, 11 décembre 1988

 

traduit de l'anglais par Neldjorpa Seunam Gyamtso