Centre Oasis de Longue Vie

Sous l'égide de Yogi Ling

Dirigé par Lama Shérab Namdreul

 

Question : Lama Shérab Namdreul, vous êtes l'initiateur de l'Oasis de Longue Vie. C'est un projet pionnier dans le paysage bouddhiste en France. Pouvez-vous nous le présenter en quelques mots ?

 

Réponse : Oasis de Longue Vie est un centre bouddhiste tout particulièrement étudié pour accueillir des personnes pratiquantes ou sympathisantes du Dharma, dont la motivation est de se retrouver dans un cadre favorable à la préparation spirituelle de leur vieillesse et de leur mort. Dans cette perspective, le centre apporte aux personnes concernées une solidarité à travers la communauté elle-même et une guidance par les enseignements de Lamas et Rinpotchés. L’ensemble permet de disposer d’un accompagnement à la fois philosophique, psychologique et spirituel. Contrairement aux centres classiques, l'Oasis de Longue Vie est organisé dans le cadre du privé. Ainsi, chaque résident a, d'un côté, des responsabilités et de l'autre, un statut et des garanties.

 

Question : Pouvez-vous précisez ce dernier point ?

 

Réponse : D'une part, tous participent aux décisions et sont impliqués dans le financement des travaux, d'autre part, le budget est calculé aux frais réels des dépenses nécessaires pour la propriété et son activité. Ensuite la personne dispose de garanties administratives pour un usufruit de sa résidence jusqu'à sa mort.

 

Question : Avez-vous prévu un encadrement médical ?

 

Réponse : Oui ! Bien sûr. C'est le but même de l'Oasis : pouvoir garder la personne, l'accompagner dans ses derniers instants et recevoir la famille. Tout sera mis en œuvre pour permettre l’hospitalisation à domicile. Sauf avis contraire du médecin et de la famille, la personne malade peut être certaine de rester avec l'encadrement approprié dans son domicile à l'Oasis de Longue Vie. Il me semble important que les résidents puissent en être assurés et ne pas se contenter d'un simple hébergement.

 

Question : Dans le cadre spirituel, qu'apporte l'Oasis à ses résidents ?

 

Réponse : La vieillesse rend les déplacements difficiles et fréquenter son centre peut parfois devenir impossible. À l'Oasis de Longue Vie, ce sont les enseignements et les Lamas qui viendront vers les personnes âgées. Sous l'égide de Yogi Ling, un programme d'enseignements est en train de se mettre en place en fonction des motivations. D'autre part, nous prévoyons de faire reposer les urnes cinéraires dans le temple où on récitera régulièrement ensemble des prières. Nous sommes ouverts à toutes les traditions bouddhistes et chacun pourra inviter et recevoir chez soi son instructeur personnel.

 

Question : Y a-t-il beaucoup de personnes intéressées ?

 

Je reçois régulièrement des appels téléphoniques et nous avons fréquemment des visites. Soucieux de garder une dimension conviviale et familiale à l'Oasis, nous nous limiterons à huit ou dix résidents âgés. Actuellement, de nouveaux candidats réfléchissent sérieusement à leur installation. D'autres ont déjà pris une option pour nous rejoindre dans plusieurs années. Nous nous adaptons à tout les cas de figures.

 

Question : Quels sont vos moyens de financement ?

 

Réponse : Chaque résident finance la construction de sa maison et participe aux constructions collectives. Une autre part du financement se fait par des dons qui permettent par exemple la construction du stoupa. Je prévois la construction d'un temple, ce qui nécessite également la contribution de bienfaiteurs et de bénévoles.

 

Question : Cette solution est-elle financièrement avantageuse par rapport aux maisons de retraite classiques ?

 

Réponse : Oui ! Très largement. L'apport financier pour construire et s'installer à l'Oasis est rapidement amorti si l'on compare avec le coût annuel d'une maison de retraite classique. Ensuite, comme je l'ai dit, le budget est calculé aux frais réels des dépenses nécessaires. Aucun bénéfice n'est distribué à qui que ce soit. En mettant des fonds en commun, nous arrivons à des charges mensuelles très convenables.

 

Question : Quelles sont les conditions requises pour résider à l'Oasis ?

 

Réponse : Un esprit de générosité et le sens de la Bodhicitta. La conscience de l'impermanence et de l'utilité d'un tel lieu pour soi-même et les générations futures.

 

Question : Qu'est-ce qui fait la vitalité d'une communauté ?

 

Réponse : Avant tout, un état d'esprit vertueux et le respect de chacun. De la bonne volonté et une concertation constante. Il est nécessaire qu'une communauté établisse une synergie entre collectif et individuel avec des responsabilités et avantages réciproques. Une collectivité doit permettre à l'individu de s'épanouir dans son aspiration et par voie de conséquence, cette aspiration donnera sens et pérennité au collectif. Si une collectivité n'a aucune considération pour les individus qui la composent, on aboutit à une organisation pyramidale qui réduit l'individu à se conformer à une idée abstraite. La mise en place d'une communauté est une véritable pratique qui peut servir à l'émancipation de la personne par des responsabilités et des garanties partagées. Les démocraties occidentales se sont construites sur des valeurs fortes et généreuses à la fois spirituelles, philosophiques et humanistes. Nous pouvons nous en inspirer pour générer dans plusieurs domaines des initiatives alternatives. Pour ma part, je m'inscris plus dans une démarche libertaire qu'institutionnelle.

 

Question : Avez-vous rencontré des obstacles ?

 

Réponse : Non. J'ai bien rencontré des difficultés, mais avec les associés de l'Oasis nous y avons remédié. L'obstacle serait de se résigner et d'abandonner à la moindre difficulté. Que ce soit dans la pratique de la méditation ou dans l'élaboration d'un projet, il ne faut pas s'attendre à ce que cela soit facile. Ce qui est enrichissant, c'est de voir les ressources dont on dispose quand on décide de faire un effort et de s'y tenir. Ensuite, se réunir dans un projet en partageant les mêmes aspirations et en assumant les mêmes efforts est un véritable cadeau. L'histoire de l'humanité, l'évolution de nos sociétés, est faite de ces petits cadeaux.

 

Question : Où en est le projet actuellement ?

 

Réponse : En fait, on ne peut plus guère parler de projet. Le 21 juin 2009, nous avons inauguré une maison comprenant deux logements pour Jacqueline et Annette, qui font partie des cofondateurs de l'Oasis de Longue Vie. Ce jour-là nous avons aussi consacré le sol qui va recevoir un premier stoupa. Actuellement, deux jeunes, Amélie et Patrick, vivent à l'Oasis et s'occupent des travaux et de l'encadrement. Nous avons également le permis de construire pour un bâtiment qui abritera une salle à manger, une médiathèque et des chambres pour les stagiaires extérieurs. Des dons vont être disponibles pour commencer à l'Oasis le centre de méditation, un Droup Kang de cinq places, avec un programme spécifique de quatre ans. En 2010, nous recevrons Yantsi Kalou Rinpotché et Ringou Rinpotché. Ce dernier a personnellement exprimé son intérêt et ses encouragements.

 

Voilà ! Je souhaite que tout ceci puisse contribuer à l'établissement du Bouddhadharma en France.